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URGENCE

Les épillets chez le chien et le chat : symptômes, traitement et prévention

26/06/2023 8 min

Les épillets sont devenus un véritable fléau et représentent un motif très fréquent de consultation en urgence vétérinaire depuis quelques années. Ces petits corps étrangers qui ont la capacité de se planter un peu partout sur votre animal ne sont pas à prendre à la légère car ils peuvent avoir un réel impact sur sa santé s’ils ne sont pas pris en charge rapidement et correctement. Comment savoir si votre animal a un épillet ? Comment réagir en cas de doute ? Quelles mesures mettre en place pour éviter que votre animal ne soit concerné par ce problème ? Vous trouverez dans cet article toutes les informations importantes à propos de ce petit brin d’herbe trop souvent sous-estimé.

  1. Qu’est-ce qu’un épillet ?

    Les épillets, aussi appelés « folle avoine », « spigaous » ou encore « cailles » dans le Sud-Est, sont des fragments d’épis desséchés provenant de plantes graminées sauvages. Leur taille peut varier entre 1 cm et 5 cm environ. Les épillets se détachent de leur tige lorsqu’ils sèchent avec les beaux jours.

    Les épillets présentent une forme allongée. Ils sont composés d’une graine oblongue, dure à l’extrémité pointue et de poils appelés « barbules », durs également, orientés vers la pointe et formant une sorte de plumeau contribuant à la forme fuselée du végétal.

    Cette morphologie particulière permet à l’épillet de s’accrocher facilement sur les poils de nos chiens et chats et même sur nos vêtements.

  2. Y’a-t-il une saison des épillets ?

    En raison de l’incroyable diversité des espèces de graminées et de la grande variété des conditions climatiques en France, les épillets sont désormais observables sur une très longue période de l’année.

    Ils sont présents principalement au printemps et en été mais les premiers épillets peuvent être observés dès le mois de mars dans le Sud de la France. Leur présence se poursuit jusqu’à la fin de l’automne. On peut les retrouver dans les parcs, les jardins, les champs, sur le bord des routes... Alors méfiance !

  3. Pourquoi est-ce un réel danger pour votre animal ?

    Les épillets présentent la capacité de s’incruster sous la peau de l’animal en perforant son épiderme. Ils peuvent aussi pénétrer les cavités d’un animal pour ensuite migrer à l’intérieur de son organisme. Au cours de leur trajet, les épillets sont susceptibles de provoquer des lésions plus ou moins importantes et ainsi d’avoir de lourdes conséquences sur la santé de l’animal. On retrouve parfois des épillets au niveau d’organes comme le foie, les poumons, etc…

    Les épillets s’accrochent facilement aux poils et progressent, du fait de leur forme atypique, toujours dans la même direction. L’extrémité pointue évoluant vers l’avant en perçant ce qui se trouve sur son passage (peau, muscles, organes) et les barbules l’empêchant de reculer.

    Les épillets transpercent aisément la peau, notamment au niveau des petits espaces entre les doigts où celle-ci est très fine, pour se faufiler. Ils peuvent aussi s’introduire au niveau des oreilles, des narines, des yeux ou d’autres orifices naturels (glandes anales, pénis, vulve…). Les coussinets sont également des zones particulièrement vulnérables.

    Certains types de chiens sont plus à risque que les autres : les chiens à poils longs ont plus fréquemment des épillets au niveau des pattes ou des coussinets ; les chiens à oreilles tombantes comme les cockers sont plus sujets aux épillets pénétrant dans les oreilles…

  4. Quels sont les symptômes associés à la présence d’un épillet ?

    La présentation clinique d’un animal présentant un épillet est très étroitement liée à la localisation de l’épillet.

    1. Épillet dans l’oreille

    Les épillets pénètrent à l’intérieur du conduit auditif après s’être accrochés aux poils autour de l’oreille. Ils provoquent alors une réaction inflammatoire (= otite) potentiellement associée à une infection s’il n’est pas retiré rapidement. Les animaux atteints secouent régulièrement la tête et peuvent pencher la tête du côté de l’oreille concernée (si l’animal penche la tête à droite, l’épillet est vraisemblablement dans l’oreille droite).

    Si l’épillet a migré jusqu’à se retrouver à proximité immédiate du tympan, la douleur est encore plus forte et l’animal peut ne pas supporter qu’on lui touche simplement l’oreille. Il arrive également que les épillets perforent le tympan de l’animal. Si une infection s’est développée, la présence de cérumen en quantité excessive et d’écoulements peut être observée. Dans certains cas, on pourra même observer des troubles neurologiques compatibles avec la présence d’une otite interne : nystagmus (= mouvement saccadé des yeux) et ataxie (= troubles de l'équilibre).

    2. Épillet dans le nez

    La présence d’un épillet dans une narine gêne considérablement l’animal et on observe généralement, au moins dans les premières minutes voire les premières heures, des crises d’éternuements assez violentes, parfois accompagnés de saignements du nez au niveau de la narine concernée (= épistaxis unilatéral). Il arrive parfois que l’animal parvienne à expulser l’épillet au cours de ces crises d’éternuements mais ceci est extrêmement rare. Alors attention, même si les éternuements cessent, l’épillet peut toujours être présent au sein des cavités nasales et il est toujours recommandé de réaliser une exploration sous sédation pour ne pas laisser un épillet en place.

    Néanmoins, si l’épillet n’est pas retiré, il peut :
    • Progresser vers la gorge et être avalé puis éliminé par les selles (le plus fréquent),
    • Passer dans les voies aériennes et entraîner des lésions pulmonaires,
    • Pénétrer dans les sinus et soit rester sur place et y provoquer un abcès nécessitant une trépanation, soit remonter jusqu’à l’entrée du cerveau (relativement rare).
    Epillet nasal
    Épillet nasal de 10cm retiré sous tranquillisation sur un chien Berger Blanc Suisse

    3. Épillet dans l'oeil

    Les animaux gênés par la présence d’un épillet dans l’oeil présentent généralement un oeil fermé et gonflé en raison de douleur et de l’inflammation provoquée par le corps étranger (= conjonctivite). L’animal essaie généralement par tous les moyens et de manière frénétique de retirer le corps étranger en se grattant ou se frottant sur le sol.

    L’épillet vient habituellement se loger sous la membrane nictitante (= troisième paupière, visible au niveau de l’angle interne de l’oeil). L’épillet doit être retiré au plus vite afin d’éviter toute complication oculaire grave comme un ulcère de la cornée, une obstruction du canal lacrymal voire, dans de plus rares cas, une perforation de l’oeil.

    Les chats sont globalement moins sujets aux épillets que les chiens, cependant, lorsqu’ils en ont, c’est généralement au niveau de l’oeil qu’on les retrouve.

    Test à la fluorescéine
    Test à la fluorescéine réalisé sur un chat afin de rechercher la présence d’un ulcère de la cornée

    4. Épillet sous-cutané

    Les localisations préférentielles sont les espaces interdigités, c’est-à-dire la petite zone de peau fine située entre deux doigts, et les zones de peau situées entre les coussinets. Cette localisation est extrêmement fréquente puisque les animaux peuvent se retrouver en contact avec l’épillet simplement en marchant dessus. L’épillet pénètre très facilement sous la peau et peut soit provoquer un abcès au niveau de l’extrémité de la patte, soit entamer sa migration vers le haut de la patte.

    Dans ces situations, l’animal se lèche la zone continuellement afin d’essayer de retirer le corps étranger et en raison de l’inflammation et de la douleur générées par sa présence. Il est également assez fréquent d’observer l’animal boîter voire ne plus du tout poser la patte au sol.

    Si l’épillet se retrouve en zone sous-cutanée à un autre endroit du corps, l’évolution est sensiblement la même : formation d’un abcès ou migration. Les symptômes et la gravité dépendent des organes atteints sur le trajet.

    5. Épillet dans les glandes anales

    Les glandes anales sont situées de part et d’autre de l’anus. Elles présentent un tout petit orifice communiquant avec l’extérieur par lequel un épillet peut occasionnellement se frayer un chemin jusqu’au sein de la glande, provoquant une infection et évoluant dans la grande majorité des cas en abcès de la glande anale. Ces abcès peuvent être très volumineux et engendrent généralement une douleur importante chez l’animal.

    6. Épillet dans les voies génitales

    Les épillets peuvent également pénétrer les orifices génitaux (la vulve chez les femelles et le fourreau chez les mâles). L’animal se lèche alors de manière intensive la région concernée et des écoulements anormaux peuvent être mis en évidence. Les épillets dans cette région peuvent être responsables d’infections localisées, d’abcès voire de perforations génitales compliquées. Un retrait en urgence est également fortement préconisé.

    7. Épillet dans la cavité buccale

    Il arrive qu’un animal ingère un épillet, par exemple lorsqu’il mange de l’herbe au cours d’une promenade. Une fois dans la cavité buccale, l’épillet peut se ficher dans une des structures internes de la cavité buccale (gencives, amygdales, joues, glande sublinguale…). L’animal est généralement très gêné, va mâchonner en permanence, présenter une hypersalivation et se frotter sur le sol pour essayer d’extraire le corps étranger. Des abcès ou une migration vers d’autres structures plus en profondeur peuvent être observés en l’absence de toute prise en charge médicale.

  5. Quel est le traitement en cas de présence d’un épillet ?

    En cas de suspicion ou de présence avérée d’un épillet chez votre animal, la première chose à faire est de contacter votre vétérinaire pour prévoir une exploration et un retrait du corps étranger au plus vite afin d’éviter toute complication.

    Ne tentez pas de retirer l’épillet vous-même, vous risqueriez de le fragmenter et de rendre son extraction plus compliquée ultérieurement. Par ailleurs, les épillets étant souvent associés à une douleur vive, vous risqueriez également de faire souffrir inutilement votre animal voire de vous faire mordre. N’appliquez surtout aucun produit afin de soulager votre animal, en particulier dans l’oreille et dans le nez. En effet, vous risquez au contraire de faciliter la progression de l’épillet et de perturber l’examen du vétérinaire. Par ailleurs, si le tympan de votre animal est perforé, vous prenez également le risque de provoquer de graves complications neurologiques.

    Il n’est pas rare d’avoir recours à une sédation/tranquillisation de l’animal afin de réaliser le retrait de l’épillet pour le confort de l’animal. Il est parfois également nécessaire de s’accompagner d’une échographie ou d’une endoscopie pour réaliser le retrait de l’épillet dans les meilleures dispositions possibles et augmenter le taux de succès de la procédure.

    En fonction de la localisation de l’épillet et de l’étendue des dégâts, votre vétérinaire pourra vous proposer différentes options thérapeutiques après le retrait de l’épillet : anti-inflammatoires en cas d’inflammation sévère, antibiotiques en cas d’abcès, traitements spécifiques en cas d’otite, de conjonctivite, d’ulcère cornéen…

    Epillet à l'intérieur de la joue
    Épillet localisé à l’intérieur de la joue sur un chien, visualisé par voie échographique afin de faciliter son extraction

    Il n’est pas rare d’avoir recours à une sédation/tranquillisation de l’animal afin de réaliser le retrait de l’épillet pour le confort de l’animal. Il est parfois également nécessaire de s’accompagner d’une échographie ou d’une endoscopie pour réaliser le retrait de l’épillet dans les meilleures dispositions possibles et augmenter le taux de succès de la procédure.

    En fonction de la localisation de l’épillet et de l’étendue des dégâts, votre vétérinaire pourra vous proposer différentes options thérapeutiques après le retrait de l’épillet : anti-inflammatoires en cas d’inflammation sévère, antibiotiques en cas d’abcès, traitements spécifiques en cas d’otite, de conjonctivite, d’ulcère cornéen…

  6. Comment éviter tout problème pour mon chien ?

    Afin de limiter au maximum le risque de problèmes liés aux épillets sur votre animal, voici quelques conseils simples à mettre en pratique :

    • Tondre votre animal, totalement ou partiellement, pendant la période à risque. Celle-ci correspondant également à une période de plus fortes chaleurs, votre chien s’en portera d’autant mieux sans son pelage ;
    • Brosser très régulièrement votre animal (au moins une fois par jour) et éviter la présence de bourres de poils au niveau des oreilles et sous les coussinets ;
    • Bien choisir les lieux de promenade>en fonction des risques de contact avec des épillets (éviter les zones avec des herbes hautes et sèches) ;
    • Inspecter systématiquement et minutieusement votre animal au retour de la promenade en insistant bien sur les pattes (entre les coussinets et les doigts), les oreilles, sous la queue et le ventre ;
    • Assurez-vous d’éliminer tous les restes de tonte et les herbes sèches de votre jardin car les épillets sont souvent présents dans les hautes herbes et les pelouses.

    Vous l’avez désormais compris, les épillets ne sont pas à prendre à la légère chez le chien et le chat. Néanmoins, afin d’éviter toute complication médicale liée à ce corps étranger végétal, les bonnes pratiques à adopter sont relativement simples. En cas de doute, n’hésitez pas à contacter votre vétérinaire en urgence ou une structure d’urgence disponible près de chez vous en dehors des horaires d’ouverture classiques de votre clinique.