Le paracétamol est un produit antalgique régulièrement utilisé en routine en médecine humaine (Doliprane®, Dafalgan®, Efferalgan®). Tout un chacun en possède généralement dans sa trousse à pharmacie car ce sont des médicaments qui permettent à la fois de lutter efficacement contre la douleur mais également contre la fièvre. Cependant, il s’agit d’une molécule potentiellement très toxique chez les animaux domestiques.
L’intoxication au paracétamol est très fréquemment rencontrée par les vétérinaires. Elle est souvent la conséquence d’une automédication par des propriétaires qui veulent traiter la douleur de leur animal sans avoir connaissance du potentiel toxique de la molécule. Cependant, il peut également parfois s’agir d’une ingestion accidentelle de la part de l’animal (surtout chez le chiot).
Que dois-je surveiller chez mon animal ?
L’intoxication au paracétamol a deux principales conséquences pour l’organisme :Le paracétamol entraîne en effet la transformation de l’hémoglobine en méthémoglobine, empêchant le bon fonctionnement des globules rouges et le transport de l’oxygène aux tissus et aux organes de l’animal. Le sang prend alors une teinte caractéristique dite « brun chocolat ».
Les premiers symptômes peuvent être observés extrêmement rapidement (parfois seulement 2h après l’ingestion). On notera fréquemment la présence des signes cliniques suivants :Que dois-je savoir à propos de l’intoxication au paracétamol ?
La dose toxique du paracétamol est estimée autour de 50-100 mg/kg chez le chien. Elle est plutôt proche de 10 mg/kg chez le chat.
Le pronostic d’une intoxication au paracétamol dépend fortement de la dose ingérée, du poids de l’animal et de la précocité de la prise en charge médicale.
Il s’agit toujours d’une urgence vitale. En l’absence de traitement, l’animal intoxiqué peut se dégrader cliniquement très rapidement et un coma peut être observé en moins de 24h. Le décès de l’animal survient généralement en 24-48h. .
Si votre vétérinaire est disponible, il convient de prendre contact auprès de lui le plus rapidement possible. En dehors des horaires d’ouverture de votre clinique, il est fondamental de présenter votre animal à une structure d’urgence et de ne pas attendre le lendemain pour démarrer un traitement.
Que dois-je faire en cas d’ingestion avérée ?
Si l’ingestion est très récente (< 2h), il peut être intéressant de provoquer les vomissements de votre animal pour qu’il expulse le contenu de son estomac et que l’intoxication soit limitée au maximum. Du charbon actif sera également administré par voie orale le plus rapidement possible, afin de limiter le passage des composés toxiques vers la circulation sanguine.
Si l’animal présente déjà des signes cliniques au moment de son arrivée chez le vétérinaire, une hospitalisation sous perfusion et oxygénothérapie sera indispensable pour soutenir l’organisme. Des mesures de réchauffement peuvent également être mises en place en cas d’hypothermie et une transfusion sanguine peut s’avérer indispensable en cas d’anémie sévère (certains articles scientifiques recommandent même de le faire dans tous les cas puisque cela permet un apport conséquent en hémoglobine fonctionnelle ce qui permettrait d’améliorer le pronostic de récupération de l’animal). Enfin, il existe un antidote spécifique du paracétamol, le N-acétylcystéine, qui peut être administré aussi bien par voie intraveineuse que par voie orale. Celui-ci doit être administré à l’animal dans les 8h suivant l’ingestion de paracétamol pour espérer obtenir un bénéfice. Enfin, dans un second temps, il est possible de lutter contre la méthéglobinémie en proposant un traitement à base de vitamine C par voie orale pendant plusieurs semaines. Des contrôles réguliers devront avoir lieu car le risque que l’animal développe une insuffisance hépatique et/ou rénale, même plusieurs mois après l’incident, n’est pas négligeable.